6 jun 2011

Histoires d'Angkor

Voilà plus de six mois que nous n'avons plus de montre, plus de portable, juste l'ipad en cas d'urgence. Ce matin c'est un rayon de soleil qui nous réveille, quelque chose cloche, il ne devrait pas faire jour! Nous avions prévu de partir de nuit pour assister au lever du soleil sur Angkor Wat, notre tuk tuk nous attend depuis plus d'une heure devant l'hôtel, nous descendons en courrant et nous nous présentons tout penauds... le réveil n'a pas sonné.

Nous pensions que le chauffeur pourrait aussi nous servir de guide pendant ces trois jours de visite, mais son apport est limité et nous nous contentons de saisir quelques bribes d'explication auprès des visites organisées. On s'y perd un peu devant la multitude de temples, la succession des gouvernements, les luttes intestines, et les différentes religions. Certains points communs servent malgré tout de fil conducteur: les représentations symboliques de la cosmologie et du Mt Meru; l'alternance de la religion dominante, tantôt hindouiste tantôt bouddhiste; les fresques de batailles épiques, avec les invasions répétées des Cham, et les batailles célestes entre dieux et démons; enfin les principaux rois, Suryavarman II et Jayavarman VII au XIème et XIIème siècle, qui marquèrent l'âge d'or d'Angkor avec l'édification d'Angkor Wat et d'Angkor Thom.

De Angkor

Les temples de Roluos, situés un peu à l'écart du reste du site, forment l'ensemble le plus ancien et datent du IXème siècle. Surpris par la pyramide principale de Bakong et ses tours en brique, nous le sommes encore plus en découvrant Banteay Srei, un temple hindouiste dédié à Shiva et dont les fresques sont particulièrement raffinées.
Vient ensuite le plat principal, Angkor Thom, une ville fortifiée ayant abrité un million d'habitants lors de l'époque plus tardive d'Angkor. On y accède par une haie de statues soutenant un serpent à sept têtes, les dieux à gauche et les démons à droite, au-dessus de la rivière qui longe le complexe. À l'intérieur la plupart des constructions (en bois) ont été détruites mais subsiste le principal temple bouddhiste de Bayon et ses 54 tours au 216 visages. Autant de reproductions du roi Jayavarman VII qui l'a fait construire...

De Angkor

Nous poursuivons dans la même époque avec plusieurs temples du grand circuit comme Preah Khan, labyrinthe de couloirs et de constructions imbriquées les unes dans les autres, et débouchant sur des bassins.
Et nous gardons Angkor Wat pour la fin, site le plus connu et le lieux conservé pour avoir toujours été entretenu depuis sa construction. Plus grand édifice religieux au monde, c'est aussi le site le plus majestueux d'Angkor, avec ses couloirs couverts de fresques et ses tours régulières que l'on peut admirer de loin grace à un grand espace d'accès. Nous avons raté le lever du soleil mais nous avons le site pratiquement pour nous tous seuls, juste avant le débarquement des premiers groupes.

De Angkor

Le complexe d'Angkor est immense, et on se contenterait presque du spectacle que nous offre la promenade en tuk tuk le long des champs de riz pour rejoindre les temples les plus éloignés. Nous y voyons en direct la vie de la campagne cambodgienne, les enfants qui vont à l'école à pied ou sur de grands vélos d'adultes, les familles réunies dans des maisons en bois construites sur pilotis, les grandes marmites en bord de route, les stations essence locales qui vendent le litre à la bouteille... Dans un temple un moine bouddhiste nous invite même à participer à sa classe d'anglais, mais notre apport est limité car ses étudiants parlent presque mieux la langue que nous!

De Angkor

Quant aux temples ils sont construits généralement en pleine forêt, et malgré l'armada de jardiniers (qui coupent l'herbe à la machette), la nature reprend ses droits. Des arbres aux racines gigantesques envahissent les murs jusqu'à les faire tomber, alors que les singes presque apprivoisés s'approchent pour récupérer les dernières goutes d'une canette de coca.
Pendant ce temps les équipes locales et étrangères participent à la conservation (et souvent à la reconstruction) des temples. On trouve ainsi d'immenses pierres dans tous les recoins, parfois numérotées, prêtes à être réassemblées comme dans puzzle géant. Le plus impressionant est le temple de Ta Phrom, appelé à juste titre "jungle temple", où pourrait avoir été tourné Indiana Jones - en l'occurrence c'était Tomb Raiders. On se perd au milieu des enchevêtrements de pierres, de racines, de tours, et de scultures, dans une lutte permanente contre le retour à l'état sauvage.

De Angkor

Angkor est la fierté des cambodgiens, symbole national omniprésent, y compris sur le drapeau. Pol Pot lui-même n'a pas endommagé les sites, représentatifs de la gloire du peuple khmer. Nous comprenons maintenant pourquoi.

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