Des temples, des parcs et du Kung Fu

L'intérêt du décalage horaire c'est qu'on se lève tôt, et comme en Chine il n'y a pas de petit déjeuner nous partons directement à l'assaut de la capitale. A pied, car sur la carte le centre ville à l'air petit. Mais on comprend vite pourquoi tout le monde se promène en vélo! D'un parc à l'autre, d'un temple à l'autre, le simple fait de longer la Cité Interdite ou de traverser la place Tiananmen est une excursion à part entière. Mais cela nous permet d'apprécier la ville dans tous ses détails, de voir un chinois marcher à l'envers, de manquer un bonne dizaine de fois de nous faire renverser par un vélo électrique (encore plus silencieux qu'un vélo normal, et plus rapide), d'entendre le doux bruit des gens qui crachent dans la rue, et de tout prendre en photo, car tout est différent.

Aller se promener dans un parc le dimanche est sans doute la meilleure façon d'aborder la culture chinoise. Pas question de footing autour du lac, ici les gens sont beaucoup plus créatifs pour faire de l'exercice. Mouvements lents et harmonieux du Tai Chi, jeux de balle avec une sorte de hacky sack avec volant de badminton, danses de groupe, cerfs-volants, et bien d'autres. Tous les dix mètres les passants s'arrêtent écouter un groupe de chinois qui jouent et chantent pour le plaisir, et tout le monde participe. Les arbres en fleur attirent les jeunes et les moins jeunes, les couples et les enfants, qui se font prendre en photo une branche dans la main et une couronne de fausses fleurs sur la tête.

De Beijing

Plus surprenant et tout aussi poétique, on trouve ça et là quelques personnes venues pour écrire le long du chemin qui traverse le parc. De la calligraphie chinoise mais à l'eau, avec un gros pinceau humide pour tracer des caractères qui s'effacent au fur et à mesure que les phrases se construisent. Le sens de l'éphémère.

De Beijing

Nous longeons ainsi le lac du parc Behai pour déboucher sur celui de Jingshan, en haut duquel nous avons une vue à 360° sur Beijing. Les quartiers modernes gagnent du terrain sur les traditionnels, la moitié de la ville est en construction et par endroits la lumière est tamisée sous l'effet de la pollution. La Cité Interdite semble encore plus grande vue d'en haut, avec tous ces toits qui s'imbriquent de façon presque symétrique et occupent le cœur de la capitale.
Nous la visitons le premier jour, passage obligé, avec un audio guide qui nous raconte les histoires de cour des concubines qui se sont succédées, et les luttes d'influence pour l'honneur de donner naissance au prochain empereur. Comme nous rentrons par la porte nord au lieu de l'entrée principale, l'audio guide s'y perd et nous aussi, nous faisons tout à l'envers, et arrivons déjà un peu lassés aux principaux palais. Le site est vaste et bien conservé, mais l'ensemble manque un peu de charme, peut-être à cause des groupes de touristes qui déferlent ou des heures passées à déambuler entre tous ces palais, qui viennent s'ajouter à la fatigue du voyage.

De Beijing

La place Tiananmen est elle aussi démesurée, entourée de bâtiments de style soviétique, avec en fond la porte de la Paix Céleste et l'immense portrait de Mao en empereur des temps modernes. Traverser Tiananmen requiert du temps et de la patience, car la place est entourée de barrières et toutes les entrées sont contrôlées. Deux grands écrans au centre sont les nouveaux instruments de propagande, et ont plus de succès que le Monument des Héros du peuple.
Dans le prolongement de la place tout un nouveau quartier commerçant est en train de se développer, avec des bâtiments flambant neufs qui font penser à un village outlet et rassemblent toutes les marques, de Zara à Rolex, et sans imitation. Les rues parallèles fourmillent de petits restaurants qui proposent le fameux Pekin duck, ainsi qu'une quantité impressionnante de plats en tous genres. On se demande ce que sont devenus les habitants des anciens quartiers, partis pour laisser la place a une nouvelle Chine...

De Beijing

Des palais, des parcs et des temples. Des palais transformés en temples, comme le temple bouddhiste du Lama, constitué de plusieurs anciens palais impériaux qui hébergent maintenant de nombreuses statues de Bouddha, dont la plus grande atteint les 18 mètres. Les chinois viennent leur rendre hommage en déposant trois bâtonnets d'encens et en s'agenouillant plusieurs fois devant chacun d'entre eux. Des parcs abritant des temples, comme le parc du Temple Céleste et son très bel ensemble d'édifices parsemés au milieu des arbres, temples ronds ou allongés, en bois peint, reliés par des terrasses, qui font le charme des visiteurs et nous plaisent presque plus que ceux de la Cité Interdite.

De Beijing

Et du Kung Fu. Pour notre deuxième soirée nous prenons l'option kitsch du spectacle pour touriste, et comme souvent dans ces cas-là on passe un bon moment mais sans plus. Le théâtre se vide des groupes de la séance précédente, immédiatement remplacés par une nouvelle vague d'arrivants. Tout le monde prend place pour voir des acrobaties de haut niveau, le tout bien orquestré, rideau, et photos sur scène pour ceux qui ont acheté des souvenirs. Autant voir un film de Zhang Yimu à la maison.