L'actuelle ville de Cuzco, en Quechua Q'osco, est le centre de la culture Inca et le point de départ de toutes les visites. Les espagnols ayant construit une église sur chacun des temples Incas, c'est en plus une très belle ville coloniale, située au milieu des Andes, proches des sites les plus connus et du Machu Pichu. Seul inconvénient: la surexploitation touristique, avec plus de 2000 agences qui proposent leurs services! Nous arrivons deux jours avant le départ du trek (que nous avons réservé avec plusieurs mois d'anticipation), et faisons timidement le tour de la ville en disant "no gracias" tous les deux mètres. Nous passons notre première journée en reconnaissance, à faire le plein d'articles de rando made in china, et partons le lendemain pour le tour typique de la Vallée Sacrée.
C'est du tourisme de masse, mais cela reste la façon la plus pratique d'avoir un aperçu des principaux sites en une journée. Il aurait fallu y passer une semaine... Nous parcourons les sites de Pisac et d'Ollantaytambo, découvrons les terrasses et constructions à flan de montagne, avec toujours une vue impressionnante au milieu des nuages. Au retour nous nous arrêtons dans le village de Chinchero, très folklorique avec une belle église elle aussi construite sur les base d'un temple Inca.
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De Cusco- Inca Trail |
Après cet apéritif vient enfin le grand moment: le départ pour le Camino Inca, trekking de quatre jours pour rejoindre le Machu Picchu par le chemin sacré des Incas. C'est le chemin le plus connu, qui ne se fait que par agence et à un coût non négligeable. Mais nous n'avons pas regretté notre grand extra du voyage (pour l'instant...), qui restera l'une des expériences marquantes de cette année autour du monde.
Pourtant nous le faisons au pire moment, en pleine saison des pluies, et nous passons la majeure partie du temps sous deux couches de ponchos en plastique, sans aucune visibilité à cause du brouillard. A chaque mirador nous tentons d'imaginer le paysage, sûrement magnifique, au milieu des sommets invisibles, en espérant que le soleil viendra un peu plus tard.
Le chemin en lui-même vaut le déplacement, couvert de pierres et en partie d'époque, avec beaucoup de marches en montée, puis beaucoup de marches en descente, glissantes sous l'effet des litres d'eau emmagasinés ces derniers jours. Grace à notre entrainement dans le Cañon du Colca nous survivons assez bien aux trois jours d'approche, même si le second jour est dur pour tout le monde! En principe c'est le moment le plus critique pour les randonneurs, et à cause de la pluie nous avons droit à un changement de programme qui nous rajoute 3h au programme habituel. Nous marchons de 6h du matin à 6h du soir, avec quelques pauses et beaucoup de nourriture pour tenir le choc.
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Le meilleur moment du trek: l'heure du repas, incroyable ce que notre cuisto el Chino arrive à cuisiner dans ces conditions. La bouffe est bonne, équilibrée et abondante, avec un petit déjeuner digne des meilleurs hôtels. On nous sert même le mate de coca dans la tente le matin au moment du réveil. Toute l'équipe qui nous accompagne est extrêmement aimable et bien organisée, avec 22 porteurs pour un groupe de 15 qui démontent tout, font le trajet en courant, et remontent le campement avant notre arrivée. Le tout deux à trois fois par jour... Heureusement la règlementation du chemin a évolué et ils ne portent pas plus de 25 kilos par personne, contre 50 kilos avant!
Et pour coordonner le tout notre guide fétiche, Wilfredo ou Will pour les intimes (et les ricains), qui nous a facilité la vie tout au long du chemin avec l'aide de Jimmy, son assistant. Idem rien à redire, serviables, toujours prêts à partager leur culture, à motiver les gens dans les moments de léger désespoir, en fin de journée ou au réveil sous la pluie.
Ah et j'oubliais les marcheurs, nous, un groupe éclectique composé des nationalités les plus diverses (Australie, République Tchèque, UK, Norvège, Danemark, US, France et Espagne), et allant de 19 à 63 ans. Deux personnes rebroussent chemin le deuxième jour mais nous rejoignent sur la fin, et le fait de marcher ensemble dans des conditions adverses est un bon facteur de cohésion sociale.
A cause de la pluie la voie d'accès au Machu Picchu par le Camino Inca est fermé, nous devons donc passer comme tout le monde par la ville d'Aguascalientes et rejoindre le site en bus. Nous passons la dernière nuit à une demie heure de la ville, un peu déçus de ne pas finir le chemin traditionnel, mais à force d'insister auprès du guide nous arrivons quand même à former un groupe de quatre motivés pour partir avant l'aube et obtenir notre entrée au Waynapicchu, la montagne qui surplombe le Machu Picchu, et seulement accessible aux 400 premiers arrivants. Nous avons de la chance pour la première fois depuis le départ: il fait beau les trois premières heures de visite, avec quelques rayons de soleil le temps de prendre des photos. Le site est impresionnant, beaucoup plus grand que ceux que nous avons visité en route, perché sur la montagne. Comme tous les sites connus, on s'attend à être déçu mais l'endroit est magique.
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De Cusco- Inca Trail |
Le temps de finir la visite guidée et il commence à pleuvoir, mais pas question d'abandonner l'ascension du Waynapicchu. On est content d'atteindre le sommet, même si le ciel ne se découvre que quelques minutes le temps d'apercevoir la vue aérienne du site (pas suffisamment pour reconnaitre la forme du condor). Nous utilisons nos dernières forces pour rejoindre la Porte du Soleil, autre point en hauteur, entrée traditionnelle du Machu Picchu, sans plus de chance pour prendre la fameuse photo "carte postale". Mais nous vivons en chemin le moment le plus surprenant et touchant de ces derniers jours: la naissance en direct d'un bébé lama, la mère couchée en travers du chemin, et le père mort dans le ravin après s'y être jeté quelques minutes plus tôt. Les péruviens semblent trouver ça normal, après tout les Incas croyaient en la réincarnation...
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