Viva Zapata??

La route de la mort dans les Chiapas: 200 km entre San Cristobal et Palenque, et sans doute autant de virages sans compter les trous et les "topes" sauvages. Ceux ci sont un équivalent mexicain des dos d'âne, construits pas les villageois eux-mêmes malgré leur interdiction. Selon notre chauffeur il y en aurait 384, soit presque 2 par kilomètre, une bonne moyenne!
Nous testons une première fois la route pour aller voir le site de Palenque, et faute d'organisation nous revenons le jour même à San Cristobal: 400 km, 10h de route, 768 topes. Le lendemain nous repartons en bus de nuit vers le Yucatan: San Cristobal-Palenque-Merida, en principe 13h de route. Nous ne savions pas que les attaques nocturnes des zapatistas étaient encore d'actualité, selon la bonne vieille méthode du tronc lancé sur la route. Heureusement le chauffeur décide de passer par dessus (la dernière fois qu'il s'est arrêté tout le monde s'est fait détroussé) et de poursuivre avec la sirène d'alarme enclenchée jusqu'à ce que le bus rende l'âme près d'un poste de police. Nous voilà donc bloqués en pleine forêt, en attendant les secours ou l'arrivée du groupe de rebelles.
Finalement nous nous répartissons dans deux cars qui vont en sens inverse, et repartons vers San Cristobal encadrés par plusieurs voitures de police. On ne compte plus les topes. Nous sommes débarqués à mi chemin, dans la charmante gare d'Ocosinco, en attendant le bus qui finalement nous emmènera dans la bonne direction. Nous arrivons 21h plus tard à Merida, fatigués mais contents d'avoir toutes nos affaires et de retrouver un endroit bien touristique!

De Chiapas

Nous avons quand même bien profité de la région, l'une des plus authentiques du Mexique. Tout d'abord San Cristobal de las Casas, une ville aux maisons basses et colorées, remplie d'européens roots et de mexicains modernes. Le mélange est surprenant, et on ne pensait pas trouver au milieu de nulle part des boulangeries françaises, un bar à vin, et de bonnes pizzerias. Nous en avons fait notre base de visite, en profitant par la même occasion des concerts gratuits du festival Cervantino Barroco (dont une fin de concert de Diego el Cigala, les espagnols sont partout!).

Première ballade à cheval du séjour, pour rejoindre le village indigène de San Juan Chamula. Ses habitants, les Totzil, vivent en autogestion et ne reconnaissent pas l'autorité fédérale. L'ambiance est particulière, photos interdites dans les lieux de culte, aucun contact avec la population. L'église, entourée d'un grand marché, est un endroit très fréquenté surtout à l'approche de la Toussaint, mais n'a pas grand chose d'une église chrétienne: les gens prient par terre devant de petites bougies alignées sur le sol, et une bouteille de Coca pour chasser les mauvais esprits. Le sol est couvert d'une sorte de fougère et des musiciens jouent un rythme régulier pour accompagner les rites. Le long des murs sont alignés toutes sortes de saints, qui sont dévêtus puis revêtus dans une séance de purification à l'encens. Très surprenant.

De Chiapas

Le lendemain nous partons visiter Palenque, très beau site Maya situé en pleine jungle. En chemin nous nous arrêtons voir les cascades d'Agua Azul, qui avec la pluie tirent plutôt vers le marron, et l'élégante cascade de Misol-Ha. Sur tous les sites il y a une double entrée, la billetterie officielle étant précédée du paiement de l'impôt révolutionnaire en bord de route.
Et avant de partir vivre nos aventures en bus nous prenons une journée supplémentaire pour faire un tour en bateau au milieu du Cañon del Sumidero. Grottes, crocodiles, falaises atteignant 1000m de haut, nous n'avons pas regretté le changement de programme.

De Chiapas