23 nov 2010

La Havane, ville fantôme

Ma première impression de La Havane restera celle de notre arrivée de nuit dans le quartier El Vedado, l'un des plus réputés de la ville. En longeant la 17ème rue, presque sans lumière, à la recherche d'un endroit où manger, on ne voit que d'immenses maisons début de siècle en ruine, envahies par les plantes, et dans lesquelles on aperçoit plusieurs familles à travers les carreaux brisés. C'est l'image que l'on gardera de La Havane, une ville n'est plus que l'ombre d'elle même, et dans laquelle les gens semblent attendre, sans savoir vraiment si les choses changeront un jour.

Le centre historique, constitué de quelques ruelles et places coloniales fraichement rénovées, est la vitrine de La Havane. La zone est remplie de touristes qui déambulent dans les restaurants et les cafés, avec des concerts à tous les coins de rue, de jeunes femmes habillées en créoles avec un panier de fruits en plastique sur la tête (pour la photo), ou de vieilles dames édentées faisant semblant de fumer un énorme cigare. Sans oublier les bouquinistes vendant des livres d'histoire photocopiés et les produits dérivés du Che... Le seul marketing qu'on trouve ici est celui du communisme, paradoxalement, et les seules affiches publicitaires sont celles des slogans de la révolution.

De La Habana

Dès qu'on s'écarte un peu du centre, la ville présente un visage radicalement différent: maisons délabrées et trottoirs éventrés, marchés à moitié vides, quelques stands monoproduit dans la rue, et vieilles voitures encore omniprésentes. Certains endroits ont du charme, comme le Malecón et ses pêcheurs du dimanche, de belles maisons coloniales en bon état, l'animation des quartiers populaires. Mais il est difficile d'en profiter sans noter partout les limitations, manque d'argent mais aussi manque de produits pour les gens qui ont les moyens d'acheter, manque d'information, et surtout manque d'avenir pour les jeunes qui ont pourtant un bon niveau d'éducation.

De La Habana

A Cuba deux systèmes coexistent, l'un constitué des produits d'importation et de certains services payables en pesos convertibles ou CUC, et le système local avec une offre nettement plus limitée mais à un change de 24 pour 1. Les CUC circulent aussi parmi les cubains à travers le tourisme, et le pays fonctionne avec une double monnaie. En tant que touriste il est difficile de payer en monnaie locale, et les prix en CUC sont proches des prix européens... Voyager à Cuba coûte plus cher que prévu! Les habitants sont les premiers à s'en plaindre, car le CUC prend le pas sur la monnaie locale et de plus en plus de produits de base ne sont plus disponibles qu'en devise.

Les contacts avec la population sont aussi ambigus: les cubains qui vivent du tourisme sont toujours très aimables, mais dès qu'on sort du centre il est difficile de s'adresser à quelqu'un, même pour demander son chemin dans la rue.. Les jeunes en particulier n'osent pas nous adresser la parole, alors que les personnes âgées s'arrêtent plus facilement et parlent parfois ouvertement du régime et des problèmes quotidiens.

De La Habana

Notre approche de La Havane a été grandement facilitée par notre arrivée en chambre d'hôte, logement le plus courant et le plus abordable à Cuba. Malgré une réservation de dernière minute nous avons trouvé une maison très agréable tenue par Ana et Pepe, qui nous ont conseillé pour le reste du voyage. Nous avons même pris l'option visite guidée du centre par Pepe, qui nous a fait un condensé du guide en une demie journée.
Couvents, hôtels coloniaux, pharmacies à l'ancienne, barbiers... Chocolaterie, maison d'épices, musée des pompiers ou des armes à feux... On trouve de tout en décors d'époque, y compris une parfumerie qui offre un service personnalisé (le client élabore le parfum avec un préparateur qui conserve la formule). Nous avons dû laisser de côté les musées et quelques monuments, car notre location dans le quartier del Vedado nous a obligés à marcher plusieurs heures à travers la ville pour éviter les taxis. Mais nous avons ainsi pu découvrir les quartiers les plus authentiques, La Havane dans tous ses contrastes.

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